Salut salut. Je vois ce blog comme un moyen de partage et d’expression. L’expression, on peut en avoir besoin en tant de crise (qu’elle soit mondiale ou personnelle). J’ai vu Stéphane de nota-bene.org et Tonton depuis sa cave expliquer leur confinement. Ça m’a donné envie, et puis ça peut être un moyen de faire un petit pas de côté à l’instar de Framasoft (mais en moins bien, je débute juste !).

La logistique : une pièce pour tout faire

Avec les premières annonces de notre PDG président, avec mon amoureuse on a décidé de se confiner ensemble. De mon côté je voulais (télé)travailler de la manière aussi efficace que possible, et vu que j’en avais déjà fait l’expérience dans mon appartement, on a opté pour se confiner tous les deux chez moi.

Sauf que c’est un une pièce, c’est-à-dire que la chambre, le salon, la salle à manger, la cuisine, mon bureau, son bureau, c’est… la même pièce. Chic, les toilettes ont une porte. Et on a un petit balcon (pour afficher des pancartes pour le 1er mai par exemple hihi). Mais quand même, ça ne simplifie pas la vie. Nos rythmes étaient assez similaires : nous sommes tous les deux diurnes et commencions un peu à nous synchroniser. Mais lorsque je voulais me réveiller avant elle, pour travailler ou faire 2-3 trucs avant de travailler, c’était dans le noir, sur la pointe des pieds, à pas de loup. Et inversement pour elle, quand je voulais me coucher plus tôt (et lire dans le noir, c’est pas simple, demandez-lui !).

Ça c’est pour l’organisation temporelle. L’organisation spatiale était plutôt correcte : une table, la seule de l’appartement, me servait de bureau et de table à manger. Merci les rallonges. Ma douce avait eu la lucidité de récupérer chez elle, juste avant le confinement, une longe planche de bois, qu’on a pu suspendre sur le dossier d’une chaise et un autre meuble : c’était son bureau. Sobre mais fonctionnel.

Semaine après semaine, la même rengaine

Le confinement a été long quand même, non ? Nous on a trouvé que si, et surtout à partir de mi-avril.

Au début c’était un mélange de rigolo et de captivant. En Bretagne, le virus n’était pas très répandu. Alors on ne craignait pas trop pour nous ou nos proches. Donc on n’angoissait pas trop quand les medias était de plus en plus en état d’urgence. On écoutait, lisait, regardait régulièrement les informations. Puis ça nous a saoûlé·e·s, on a commencé à nous informer un peu moins fréquemment, et je crois que ça nous a fait du bien.

Le travail, c’est-à-dire la thèse pour moi, s’est fait de plus en plus difficilement. Le manque de contact humain, la perte de repères professionnels (rappelez-vous, bureau = table à manger et table à éplucher les patates), et puis l’impression qu’on se foutait un peu de moi. Soit on ne prenait pas de nouvelles de moi, soit on pensait que forcément ça allait très bien (un thésard confiné = un thésard dans son milieu naturel HAHAHA). Soit, et c’est quelque chose qui m’a pris beaucoup de temps surtout d’énergie, on me demandait de faire des choses absolument pas liées à mon boulot de thèse. Genre un site web pour un consortium quelconque formé pour lutter contre le Covid19, disons. Quand mon directeur de thèse m’a demandé ça, je ne pouvais pas trop refuser, c’était d’une part un projet noble et puis… c’était mon directeur de thèse. Même s’il m’appelait en dernier recours, sans me demander comment ça allait après 15 jours de confinement, ni personnellement ni professionnellement, je n’ai pas pu su refuser. J’ai uniquement su refuser les visios à 22 h, et c’est déjà pas mal. En gros, la thèse c’était compliqué : pas de motivation, pas d’aide extérieure (et même pire : mon directeur qui me demande de faire autre chose), perte des objectifs.

Par contre, le reste allait plutôt bien ! On n’a jamais cuisiné autant, que ce soit du rougail-saucisses, des lasagnes, du pain au levain, des crêpes… On a également beaucoup joué au palet breton, sport auquel j’étais vraiment nul, et j’ai un peu progressé. Pour une première expérience de vie commune, un bon gros crash-test, ça s’est carrément bien passé. On a pu faire quelques visioconférences : visio-apéro, visio-goûter, visio-jeu et même visio-petit-déjeuner. Dans ces visios on a parlé, avec divers cercles amicaux et familiaux, de travail (thèse ou antithèse ?), confinement et gouvernement qui chie dans la colle, de politique et d’autoritarisme, de projet idéal pédago-agricolo-rural… On s’est même donné le droit de s’organiser un mini fest-noz par webcam interposée avec monsieur X (qui se reconnaîtra :D) ! Ces moments-là ont vraiment, vraiment fait du bien.

Qu’est-ce qui a changé ?

Pendant ma thèse, je me suis posé de temps en temps les questions : suis-je à ma place ? Ne serais-je pas mieux à faire autre chose ? Le confinement a comme accéléré cette réflexion, l’a rendue plus importante. Je ne sais toujours pas quelle est la réponse, mais la question est indubitablement une question que je me pose presque à chaque instant maintenant.

Côté interactions sociales, je me suis rendu compte de deux choses. La première, c’est que je suis un être social : malgré ma réserve, j’ai besoin de voir ou parler à des gens. Ce n’est pas forcément un besoin criant, mais c’est quelque chose qui m’impacte, parfois sans m’en rendre compte. Je peux devenir ronchonchon si je ne vois personne pendant longtemps, quoi.

Par contre, la deuxième chose va dans l’autre sens. Je ne suis pas quelqu’un de tactile. Je suis plutôt content des gestes barrière : ne pas avoir besoin de serrer des mains ou faire des bises me soulage. Il n’y a plus d’ambiguïté maintenant : personne ne fait plus rien, et pour moi c’est plus simple.

 

Voilà donc mes réflexions jusqu’à présent, cinq jours après la fin du confinement strict. J’espère que de votre côté le bilan est plutôt bon, que vous n’avez pas trop souffert de quelque manière que ce soit.