Dans l’épisode précédent j’avais plutôt parlé de considérations générales. De pourquoi c’était gênant et donc pourquoi j’ai eu du mal à en parler. Des symptômes, un peu généraux, de comment je me sentais et de ce que j’avais essayé déjà.

Aujourd’hui, dans cet article, ça y est, ça se concrétise. Je suis allé voir des professionnel·le·s de santé ! 🎉

Ma généraliste déjà, qui était (évidemment) super à l’écoute et rassurante. Et puis un spécialiste, un gastro-entérologue.

Bonjour docteure, j’ai mal au ventre

On commence donc avec la visite chez ma généraliste. Je lui en avais déjà parlé lors de ma première visite, vu qu’il s’agit de ma nouvelle généraliste, après avoir déménagé. Mais on n’avait pas eu le temps de faire une vrai consultation, alors on est reparti de zéro.

Je lui ai dit mes problèmes, elle m’a posé quelques questions pour cerner un peu mieux la situation. En gros, le contenu de la consultation équivaut à celui de l’article précédent. Elle m’a également massé le ventre, et a pu me dire qu’a priori, c’était pas trop trop urgent. Là j’interprète, mais ça aurait pu être un cancer peut-être, et il y aurait eu des trucs dans le ventre, qu’elle aurait senti.

Ensuite, elle m’a expliqué son raisonnement médical. Avec cette auscultation seule, elle ne pouvait pas trouver une cause précise. À ce stade, il y avait plusieurs causes potentielles, regroupées en deux familles :

  • les problèmes organiques, c’est-à-dire dûs à une lésion qu’on peut mettre en évidence de manière objective. L’intestin, le côlon, ou le foie par exemple qui ne font pas leur taf, et c’est visible ;
  • les problèmes fonctionnels, c’est-à-dire un organe qui ne fonctionne pas bien, et ça encore ça peut venir de plein de raisons différentes.

La stratégie à adopter dans ce genre de situations, c’est de faire toutes les analyses possibles pour écarter, ou non, l’hypothèse organique, celle de la lésion. Ça peut se regarder avec une analyse de sang (si le foie est cassé, on voit ça rapidement dans le sang par exemple). On peut également observer directement le système digestif, par échographie (non invasive) et aussi la fameuse coloscopie (légèrement plus invasive).

Et donc me voilà à la fin de la consultation avec plusieurs ordonnances. Un bilan sanguin à faire, une visite chez un gastro-entérologue pour faire une échographie. Et en dessert j’ai eu droit à une ordonnance pour un médicament à base de charbon actif, censé atténuer les sensations de ballonnement.

Merci docteure !


Résultat de la prise de sang : rien à signaler, pas de problème de ce côté-là visiblement.

Après quelques jours de médicament à base de charbon actif : ça n’a pas l’air transcendant.

Me voilà donc, quelques jours plus tard, sur la route vers chez le gastro-entérologue.

Bonjour docteur, j’ai mal au ventre et je viens de la part de ma généraliste

Dans la salle d’attente, c’est assez clair. Il y a plein de posters et de prospectus pour « bien préparer sa coloscopie ». Ahem.

Je ne me laisse pas si facilement désarçonner. J’explique avec tout mon aplomb la situation. Je commence à être habitué maintenant. Son intuition, après avoir vu les résultats de la prise de sang, c’est qu’on se dirige plutôt vers une cause fonctionnelle. Plus diffuse donc. C’est plutôt cool d’un côté : je n’ai pas d’organes complètement perforés ou en lambeaux. Mais d’un autre point de vue, c’est embêtant, ça va prendre du temps pour poser le diagnostic.

Mais n’allons pas trop vite, on n’a pas encore écarté l’hypothèse organique. On passe donc en salle d’échographie. Je fais la blague que toute personne sans utérus a dû faire sur ce fauteuil, le ventre badigeonné de gel à échographie : « alors, on voit le bébé ? ». Je m’excuse auprès des soignant·e·s. 😶

Bref, selon lui : tout a l’air en place, au moins entre l’estomac et la moitié de l’intestin grêle, en passant par les reins et le foie. Par contre, l’échographie ne permet pas de tout voir, on ne peut pas complètement écarter l’hypothèse de la cause organique. Il me parle de coloscopie et de fibroscopie. De parasitologie des selles. D’une nouvelle prise de sang. Et, lui aussi, d’une boîte de médicaments, censés faire aller mieux, chez certain·e·s patient·e·s.

Ouf, ça va vite là, et dans ma tête aussi. Reprenons tranquillement.

Coloscopie et fibroscopie

Le gastro-entérologue me parle donc de coloscopie et de fibroscopie. La première, qu’on peut aussi écrire colonoscopie, fait partie de la grande famille des endoscopies, ces examens qui permettent d’explorer visuellement le corps humain depuis l’intérieur, directement. La coloscopie permet donc de voir le côlon et le rectum. Environ 1,50 m de tube digestif quand même.

Une équipe médicale réalise une coloscopie.

Moi, bientôt (source : Wikimedia)

La fibroscopie (endoscopie œso-gastro-duodénale), c’est pareil mais par la bouche. Elle est utilisée pour scruter le haut du système digestif.

Dans les deux cas, c’est invasif et ça demande un peu de préparation. J’en ferai un épisode complet je pense (car oui, j’ai accepté la coloscopie) mais en gros :

  • il faut suivre un régime particulier sans résidus (les peaux de tomates qu’on retrouve dans le caca, là, on vous voit) pendant 4 jours ;
  • un ou deux jours avant la colo’, on se vide. On se prépare gentiment un breuvage sadique, à effet fortement laxatif. Pour ne pas mourir déshydraté, il faut boire au moins 4 ou 5 litres d’eau ;
  • en ce moment, c’est aussi test PCR pour le Covid19 obligatoire, avec ou sans vaccin ;
  • c’est un examen sous anesthésie générale. D’une part, ça fait un peu flipper de donner son corps vidé, faible et fragile à des inconnu·e·s en provoquant consciemment son inconscience. Et d’autre part, ça demande une consultation chez un·e anesthésiste. Bon au moins, ça donne l’opportunité de poser des questions et de se rassurer un peu.

Le risque zéro n’existant pas, j’ai d’ores et déjà signé un papier déchargeant l’équipe médicale. Si d’un côté je comprends, de l’autre, ça ne rassure pas tant que ça. Mon consentement est censé être total et éclairé. Je dois savoir qu’il existe « un certain pourcentage de complications ». Des « risques exceptionnels, voir (sic) même inconnus ». Et puis « je m’engage à me soumettre à tous les soins ». Cette terminologie est presque violente. Je suis juste venu parce que je chie mou, et je dois me soumettre aux soins, inconscient.

Euh, pause ?

Tel était mon état de questionnement, quelques jours après la consultation chez le gastrologue. En fait, j’aurais bien voulu faire toutes les analyses, et étudier leurs résultats, avant de passer sur le billard. J’avais en tête les complications possibles : maladies nosocomiales (coucou le SARS-CoV-2), les polypes (tumeur bénigne) qu’il faudrait enlever s’il y en avait, et qui pourrait engendrer des saignements… Tout ça pour rien si on arrivait à trouver la cause avant ?

En fait, pas vraiment. Avec un peu de recul, je retombe sur le raisonnement médical. D’abord, écarter toute hypothèse organique, et ensuite se tourner vers les hypothèses fonctionnelles. Ce raisonnement me rassure. Et puis les risques sont quand même sacrément faibles. Et en plus, c’est une belle expérience non ? Le genre de trucs à raconter aux copain·e·s, une fois que tout sera réglé !

La suite courant septembre donc.


Pour le moment, et ce pendant trois jours consécutifs, j’envoie des petits pots au laboratoire d’analyses avec mon caca dedans. C’est ça, l’examen parasitologique des selles. Chaque matin, un petit cadeau pour le personnel soignant. J’espère que, de leur côté, iels m’enverront une carte postale depuis mon intérieur !