Bonjour bonjour !

Suite de ma série Mon coming-prout avec l’événement qui, jusqu’à présent, aura été le plus invasif, nécessitant le plus d’efforts : la coloscopie. J’ai expliqué dans le dernier article à quoi ça correspondait (un tuyau/caméra en haut, un tuyau/caméra en bas, ça fait une jolie scène en plongée et contre-plongée !).

Dans cet article, on va voir comment ça s’est passé.

J-4 : le régime sans résidus

Ça commence quatre jours avant l’hospitalisation. Pour laisser la voie libre pour les caméras, il ne faut pas manger d’aliments qui laissent des résidus. Tomate, fibres, noix, maïs… Tous ces trucs qu’on peut retrouver dans les selles, ou qui en tout cas ne se digèrent pas aussi bien que le reste.

Et ça commence avec une erreur ce premier jour de régime, le matin : j’ai pris de la confiture ! Bon finalement, ça n’a pas été aussi grave que ça (mais ne refaites pas ça chez vous).

Les trois autres jours se sont passés sans trop de problèmes, avec des plats juste pour moi (nouilles, patates, pâtes, pommes de terre…).

J-1 : l’homme fontaine

J’arrête de manger la veille de l’hospitalisation, au goûter (qu’on m’a conseillé léger). Avant 16 h, je me prépare une mixture, récupérée à la pharmacie. Moviprep, que ça s’appelle. Entre 17 h et 18 h, je bois ça. Petit goût citronné, gros goût salé. Quelques gorgées, ça va, un litre, c’est plus compliqué, mais ça le fait.

Il faut boire ce litre en une heure, à peu près. Je m’attendais à voir les effets dès la première gorgée, mais ça a mis trois quarts d’heure en fait. Par contre, une fois que ça a commencé, wow. Je me suis transformé en homme fontaine.

Ce produit agit par osmose. Ça doit vachement accélérer le transit, et ça récupère toute l’eau du système digestif. Il faut donc boire beaucoup (en plus du litre de potion magique), et tout se retrouve, sous forme liquide, dans le côlon. Et, normalement, dans la cuvette des toilettes, qui devient votre meilleure amie pendant quelques heures.

J’ai l’anus irrité à force de m’essuyer, mais les selles deviennent de plus en plus claires. J’ai pas faim. Heureusement, car je ne pourrai pas manger avant le lendemain dans l’après-midi. Je me couche, après avoir mis mon réveil à 3 h 55.

Jour J : bonjour, c’est pour la colo !

Réveil à 3 h 55 donc, le temps pour moi de préparer un autre litre de vittel-citron décapant, que je dois boire entre 4 h et 5 h du matin. Pareil que la veille, ça met un peu de temps à mettre effet, et puis ensuite je ne décolle plus des toilettes.

Les selles deviennent de plus en plus claires. Une infirmière me demandera plus tard si ça avait la couleur d’un thé infusé : voilà, je sais comment nommer cette teinte. Du thé noir infusé quand même, faut pas déconner.

À 6 h 30, nous partîmes à la clinique, munis de passes sanitaires, et moi en plus, muni d’un test PCR négatif de moins de 48 h. Ma douce me laisse au secrétariat (il est bien écrit : “interdit aux personnes accompagnantes”).

Et après le secrétariat, on entre dans le dur. Je vois une infirmière pour un questionnaire pré-soin : est-ce que j’ai bien enlevé mes piercings, est-ce que j’ai des allergies, ai-je des bouts de métal dans le corps ?

Ensuite, direction le vestiaire. Dans une petite cabine, je me déshabille entièrement. « Les lunettes aussi ? – Oui, les lunettes aussi ! » Je mets toutes mes affaires et mes beaux habits dans un sac, et en échange je m’habille avec du papier : slip en papier, pantalon en papier, blouse en papier, chaussettes en papier et charlotte en papier. J’ai pas osé demander de lunettes en papier, pour mieux voir. Mais j’ai bien fait : arrivé en salle d’attente, il y avait TéléMatin, avec BHL en invité, il parlait d’Afghanistan. Ne pas voir sa chemise immaculée ne m’a pas chagriné.

Bref. Je profite d’être en salle d’attente pour aller aux toilettes (comprendre : larguer une dernière fois du liquide par les fesses).

On m’appelle, j’arrive dans un sas, on me met sur un lit qui roule, avec une petite couverture. C’est un peu bizarre comme sensation, être allongé et se faire trimballer un peu partout. Mais on s’y fait. J’arrive dans une zone où on prépare les patient·e·s, notamment avec la pose du cathéter pour l’anesthésie.

Là, j’attends un peu longtemps (30-35 minutes), le gastro-entérologue farfouille quelqu’un d’autre.

Enfin, on m’amène dans une autre salle, avec des écrans et d’autres machins partout. Je n’y suis pas resté éveillé longtemps. On me fait respirer de l’oxygène (il paraît qu’il faut que les poumons en soient plein), puis une personne me dit : détendez vos paupières, respirez, pensez à quelque chose d’agréable. Et pouf, je me réveille 45 minutes plus tard en salle de réveil.

Deuxième réveil de la journée

J’ai un vague souvenir d’avoir fait part de mon euphorie aux gens autour de moi, au réveil, mais c’est flou. Après avoir pris le temps de retrouver mes esprits (et d’avoir la mémoire qui marche à peu près), on vient prendre ma tension et le docteur vient me voir. Il me dit que tout s’est bien passé, qu’a priori il n’y a pas d’anomalie macroscopique. Pas de problème, pas de complication, pas de polype. Il me dit qu’il a fait quelques prélèvements pour voir s’il n’y avait pas d’Helicobacter pylori dans mon estomac (ça peut foutre la merde à la digestion). Également dans le côlon, pour voir s’il y a d’éventuelles colites microscopiques, qui peuvent provoquer des diarrhées aussi.

La suite est plus normale : rhabillage, petite collation, et je repars avec ma douce.


Du coup pour moi, le plus dur est fait ! En termes d’analyses, tout a été fait. À la limite, il resterait des analyses de microbiote à faire, mais visiblement c’est pas trop la méthode privilégiée par le gastrologue, qui m’avait dit qu’on connaissait trop peu les associations microbiote/symptômes pour que ça puisse être d’une aide quelconque.

Résultats des analyses dans 10 jours, lors d’une consultation avec lui !

Et aussi, les cachets qu’il m’a filé (du Gelsectan, un prébiotique) ont l’air de fonctionner un peu. C’est pas parfait, mais j’ai l’impression que ça diminue un petit peu les symptômes. C’est déjà ça, on est sur la bonne voie !